Naissance de Vénus

Paul Valéry
par Paul Valéry
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De sa profonde mère, encor froide et fumante,

Voici qu’au seuil battu de tempêtes, la chair

Amèrement vomie au soleil par la mer,

Se délivre des diamants de la tourmente.
Son sourire se forme, et suit sur ses bras blancs

Qu’éplore l’orient d’une épaule meurtrie,

De l’humide Thétis la pure pierrerie,

Et sa tresse se fraye un frisson sur ses flancs.
Le frais gravier, qu’arrose et fuit sa course agile,

Croule, creuse rumeur de soif, et le facile

Sable a bu les baisers de ses bonds puérils;
Mais de mille regards ou perfides ou vagues,

Son oeil mobile mêle aux éclairs de périls

L’eau riante, et la danse infidèle des vagues.

Paul Valéry

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