La bonne crainte

Paul Verlaine
par Paul Verlaine
0 vues
0.0

Le diable de Papefiguière
Eut tort, d’accord, d’être effrayé
De quoi, bons Dieu !

Mais que veut-on que je requière
À son encontre, moi qui ai
Peur encore mieux ?

Eh quoi, cette grâce infinie
Délice, délire, harmonie
De cette chair,

Ô femme, ô femmes, qu’est la vôtre
Dont le mol péché qui s’y vautre
M’est si cher

Aboutissant, c’est vrai, par quelles
Ombreuses gentiment venelles
Ou richement,

Légère toison qui ondoie,
Toute de jour, toute de joie
Innocemment,

Or frisotté comme eau qui vire
Où du soleil tiède qui se mire
Et qui sent fin,

Lourds copeaux si minces ! d’ébène
Tordus, sans nombre, sous l’haleine
D’étés sans fin

Aboutissant à cet abîme
Douloureux et gai, vil, sublime,
Mais effrayant

On dirait de sauvagerie.
De structure mal équarrie.
Clos et béants.

Oh ! oui, j’ai peur, non pas de l’antre
Ni de la façon qu’on y entre
Ni de l’entour.

Mais, dès l’entrée effectuée
Dans l’âpre caverne d’amour,
Qu’habituée

Pourtant à l’horreur fraîche et chaude,
Ma tête en larmes et en feu,
Jamais en fraude,

N’y reste un jour, tant vaut le lieu !

Paul Verlaine

Qu’en pensez-vous ?

Partagez votre ressenti pour Paul Verlaine

Noter cette création
1 Étoile2 Étoiles3 Étoiles4 Étoiles5 Étoiles Aucune note
Commenter

Laissez la muse vous guider, comme elle l'a fait pour Lamartine. Commentez et émerveillez-nous.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


Aucun poème populaire trouvé ces 7 derniers jours.

Nouveau sur LaPoesie.org ?

Première fois sur LaPoesie.org ?


Rejoignez le plus grand groupe d’écriture de poésie en ligne, améliorez votre art, créez une base de fans et découvrez la meilleure poésie de notre génération.