Vers pour être calomnié

Paul Verlaine
par Paul Verlaine
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Ce soir je m’étais penché sur ton sommeil.
Tout ton corps dormait chaste sur l’humble lit,
Et j’ai vu, comme un qui s’applique et qui lit,
Ah ! j’ai vu que tout est vain sous le soleil !

Qu’on vive, ô quelle délicate merveille,
Tant notre appareil est une fleur qui plie !
O pensée aboutissant à la folie !
Va, pauvre, dors ! moi, l’effroi pour toi m’éveille.

Ah ! misère de t’aimer, mon frêle amour
Qui vas respirant comme on respire un jour !
O regard fermé que la mort fera tel !

O bouche qui ris en songe sur ma bouche,
En attendant l’autre rire plus farouche !
Vite, éveille-toi. Dis, l’âme est immortelle ?

Paul Verlaine

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