Nuict, mere des soucis, cruelle aux affligez
Nuict, mere des soucis, cruelle aux affligez,
Qui fait que la douleur plus poignante est sentie,
Pource que l’ame alors n’estant point divertie,
Se donne toute en proie aux pensers enragez.
Autrefois mes travaux tu rendois soulagez,
Et ma jeune fureur sous ton ombre amortie ;
Mais, hélas ! ta faveur s’est de moy departie,
Je sens tous tes pavots en espines changez.
Je ne sçay plus que c’est du repos que tu donnes ;
La douleur et l’ennuy de cent pointes felonnes
M’ouvrent l’ame et les yeux, en ruisseaux transformez.
Apporte, ô douce nuict ! un sommeil à ma vie,
Qui de fers si pesans pour jamais la deslie
Et d’un voile éternel mes yeux tienne fermez.
Cléonice