Si la loi des amours saintement nous assemble
Si la loi des amours saintement nous assemble,
Avec un seul esprit nous faisant respirer,
L’outrage du malheur se peutil endurer,
Qui si cruellement nous arrache d’ensemble ?
Je ne vous vois jamais, mon coeur, que je ne tremble,
Appréhendant l’effort qui nous doit séparer :
Et n’ose bien souvent vos regards désirer,
Tant l’éclipse qui suit ténébreuse me semble !
Toutefois quand les corps n’ont moyen de se voir
L’âme pourtant n’est serve, et peut à son vouloir
Voleter invisible où la guident ses flammes.
Chassons donc notre angoisse, ô seul bien de mes yeux,
Et vivant désormais comme l’on vit aux cieux,
Sans plus penser aux corps, faisons l’amour des âmes.
Cléonice