Amour, tu es trop fort, trop foible est ma Raison
Amour, tu es trop fort, trop foible est ma Raison
Pour soustenir le camp d’un si rude adversaire.
Va, badine Raison, tu te laisses desfaire :
Dez le premier assaut on te meine en prison.
Je veux, pour secourir mon chef demy-grison,
Non la Philosophie ou les Loix : au contraire
Je veux ce deux fois nay, ce Thebain, ce Bon-pere,
Lequel me servira d’une contrepoison.
Il ne faut qu’un mortel un immortel assaille.
Mais si je prens un jour cest Indien pour moy,
Amour, tant sois tu fort, tu perdras la bataille,
Ayant ensemble un homme et un Dieu contre toy.
La Raison contre Amour ne peut chose qui vaille :
Il faut contre un grand Prince opposer un grand Roy.