Dedans des Prez je vis une Dryade
Dedans des Prez je vis une Dryade,
Qui comme fleur s’assisoyt par les fleurs,
Et mignotoyt un chappeau de couleurs,
Echevelée en simple verdugade.
Des ce jour là ma raison fut malade,
Mon cuoeur pensif, mes yeulx chargez de pleurs,
Moy triste et lent : tel amas de douleurs
En ma franchise imprima son oeillade.
Là je senty dedans mes yeulx voller
Une doulx venin, qui se vint escouler
Au fond de lame : et depuis cest oultrage,
Comme un beau lis, au moys de Juin blessé
D’un ray trop chault, languist à chef baissé,
Je me consume au plus verd de mon age.
Premier livre des Amours