Je faisais ces Sonnets
Je faisais ces Sonnets en l’Antre Piéride,
Quand on vit les Français sous les armes suer,
Quand on vit tout le peuple en fureur se ruer,
Quand Bellonne sanglante allait devant pour guide ;
Quand au lieu de la loi, le vice, l’homicide,
L’impudence, le meurtre, et se savoir muer
En Glauque (1) et en Protée, et l’Etat remuer,
Etaient titres d’honneur, nouvelle Thébaïde.
Pour tromper les soucis d’un temps si vicieux,
J’écrivais en ces vers ma complainte inutile.
Mars aussi bien qu’Amour de larmes est joyeux.
L’autre guerre est cruelle, et la mienne est gentille ;
La mienne finirait par un combat de deux,
Et l’autre ne pourrait par un camp de cent mille.
1. Glauque : Glaucus le Pontique (Pêcheur devenu dieu marin.)