Qu’il me soit arraché des tétins de sa mère
Qu’il me soit arraché des tétins de sa mère
Ce jeune enfant Amour, et qu’il me soit rendu ;
II ne fait que de naître et m’a déjà perdu ;
Vienne quelque marchand, je le mets à l’enchère.
D’un si mauvais garçon la vente n’est pas chère,
J’en ferai bon marché. Ah ! j’ai trop attendu.
Mais voyez comme il pleure, il m’a bien entendu ;
Apaise-toi, mignon, j’ai passé ma colère,
Je ne te vendrai point : au contraire, je veux
Pour Page t’envoyer à ma maîtresse Hélène,
Qui toute te ressemble et d’yeux et de cheveux,
Aussi fine que toi, de malice aussi pleine,
Comme enfants vous croistrez, et vous jouerez tous deux ;
Quand tu seras plus grand, tu me payeras ma peine.
1. Croistrez : Grandirez.