In tenebris
Quand la musique de mes yeux se sera tue quand mon
Ombre descellera le jour de pierre quand mes mains ne feront plus obstacle aux nuées quand mon oreille aura son lit parmi les astres quand les cieux oubliés ma bouche ensableront
Alors
Tanière lassitude du néant
avant quitté ce corps qu’elle avait fait pesant
et
Un jusqu’à l’inanition, après des âges
d’usure contre dieu absent et de désir
de froids et résistants mouvements vers l’absurde
centre vertigineux de la douleur ignée,
ce corps qui gravitait satellite des morts
dans l’orbe rigoureux tracé en pure gloire
par
Rien, et qui jamais ne fut écrit en rien
Alors la lassitude illustre d’être un moi — appareil de somptuaire ennui et de limites mécanisant de l’œil et du geste le
Ciel — s’évanouira dans l’aube tendre de son vide qui l’enveloppe et la pénètre et la soudent
Car tout est vu de l’intérieur par son absence tout prend en se niant sa forme la plus nue
qui seule comprend dieu.
Ce monde que je fus avare, sans un vent de fraîcheur, sans un arbre ce poids en dieu de la détresse de mes morts jamais il n’inclina vers lui les douces larmes jamais il ne défigura le front du ciel
Jamais :
O nom terriblement muet du monde que je fus qui ne fut jamais car
Je est mort.
Mais que reprenne la musique d’autres yeux qu’une autre
Ombre voilée de jour mûrisse l’aube que d’autres mains jouent de la laine des nuées qu’une autre ouïe s’éveille au chant de nouveaux
astres que d’autres lèvres soient humectées de cieux marins