Lait
L’amant qui rêve mordillant les seins superbes de l’aimée II sent un océan de lait lui ourler le pourtour des lèvres Ainsi le Soi en son sommeil lorsqu’une bouche lui éclôt Est-il pareil au nouveau-né qui ne sait prendre au sein encore
Plongé dans l’océan de lait les lèvres seules émergeant Le Soi n’est que le battement de sa marée aux commissures Ce rythme égal se communique et crée sous lui sa profondeur Qui s’alentit et s’épaissit mais sans atteindre à l’immuable
Car l’immuable est traversé sans limite de part en part De l’unique vibration infiniment réitérée Pulsation qui naît du poids le plus pesant et le plus gourd Et du sourire en même temps éclos des lèvres que caresse
L’éclat laiteux du beau néant abaissé soulevé sans cesse Par l’absence couleur de lune où un Souffle s’embue déjà Où commence de respirer et d’y perdre de sa substance Le Soi qui tant qu’il ne s’éveille a goût de lait que rien ne boit