Naissance de l’ame
Il s’étonne de l’ombre en lui lumineuse autrement que lui C’est la même clarté pourtant qui s’irise et se fait haleine L’immuable se sent baigner dans un flux tiède et régulier Qui crée l’espace omniprésent sans troubler pour autant le vide Puisque l’immense tout au fond n’est que le Vide retourné Espace doux comme une joue quand le souffle de nuit s’éveille Et du seul fait de respirer au-dessus de la bien-aimée La parcourt d’un frisson exquis partant du lobe de l’oreille Le Soi qui rêve ce frisson perçoit trop tard qu’il va rêver
Perçoit trop tard qu’il a créé une Beauté qui d’elle-même
Est parfaite selon la loi qu’elle s’invente hors de lui
Pourtant mystérieusement elle n’est rien tant qu’il ne l’aime
Dès qu’il rêve qu’il va l’aimer elle est en lui plus que lui-même
Qui le hante et l’oblige ainsi de s’éloigner à l’infini
Il abandonne tout l’espace et se recule avec le centre
Si loin que pour l’atteindre enfin s’épuiserait toute clarté
Mais l’âme joue à le capter seule et sans nombre en miroir d’elle
Et de l’unicité de l’Un fait un semis de voies lactées
L’âme à peine la pressent-il qu’elle en est toute constellée
Comme la femme dès que l’homme porte sur elle son regard
Mais à l’instant où l’homme croit que sous ses yeux il la tient toute
Elle étoile l’éternité en omettant cet instant-là
En vain le Soi Se cherche-t-il quand cette ubiquité l’élude
Dans les yeux mêmes dont l’iris avec son centre ne fait qu’un
La distance est d’un cil qui bat mais chaque cillement de l’âme Cest lui-même qui meurt en elle et qui renaît tout aussitôt Ce qui scintille ainsi de lui l’aveugle à sa ténèbre pure