Naissance de l’homme
Si la montagne sous la coule adore avant que rien ne soit
C’est que le Soi siégeant en Soi médite à la façon des pierres
Ayant usé l’éternité à force de S’y contempler
De son Vide II Se pétrifie en révérence à son essence
Afin qu’avant toute origine un autel soit déjà dressé
Un principe adorant requis distinct et non distinct de l’Être
Ce que le Soi en grand travail concentre ainsi dans l’incréé
Plus que le marbre le plus dur c’est l’inouï d’une prière
Dont l’Immuable en Se rompant comme d’un homme accouchera
Aussitôt né l’homme est louange et son cri bien qu’aveugle atteint
Au lieu même où former un Cœur assez aimant pour y répondre
C’est par ce cri tout-désirant que Se conçoit le Dieu absent
Contraint par l’homme à Se nommer pour le nommer à son image
Cette impensable Majesté dont le Silence Se suffit
Que n’émeut nulle idée de Soi que nul miroir ne réfléchit
Que ne ternit nulle buée d’une Parole créatrice
Dès qu’Elle nomme Se nommant Elle est en face du Néant
Où mettre en branle l’œuvre entier qui s’abîme au-delà des temps
Mais l’homme sait que la Montagne est l’épouse du Souverain A l’horizon de tous les temps sa génitrice originelle Comme l’amante son amant elle conçoit l’Être qui vient L’éveiller au désir de Lui en Se formant du désir d’elle Mais de la voir nocturne et nue en son halo d’étoiles bleues L’homme au sein vaste le dilate à la capacité de Dieu
Empli du Soi comme d’un souffle il y mesure la montagne Le grand ahan qui la soulève avec ses vents et ses marées Se mêle au sien rendant jaloux de leur joie un Rival céleste