Naissance du féminin
La face grande ouverte voit vaste et vague sa seule image
C’est proche presque à se confondre et si loin qu’elle en crée les cieux
Une gaze une haleine une onde une ombre bleue voilant le bleu
Lentement récarquillement modifie le reflet aveugle
Qui semble prendre conscience et vivre de se sentir vu
D’être en face des yeux voyeurs parfaitement vides d’eux-mêmes
Afin de n’exister que par ce qui n’existe qu’en regard
Cette pure indistinction va durer tout le temps des mondes
Membrane humide transparente l’œil clos sur tout est grand ouvert
Féminine en son fond la Vie ne peut souffrir nulle distance Qui lui serait comme néant entre elle-même et sa pensée C’est donc sans se quitter des yeux qu’en son reflet elle se pense Ce qu’elle voit ainsi n’est rien que l’assurance qu’elle en a Qu’elle-même la Vie existe encore et encore et peut-être Sans cesse bien qu’elle se sente perdre souffle dès que Cela Qu’elle a fait naître d’elle-même pour s’y mirer et s’y complaire Par quel pouvoir qui n’est plus d’elle semble libre de cesser d’être Du moins désigne-t-elle ainsi l’extinction de son reflet
Il y a donc un Maintenant dans l’éternel fixe et sans borne
Une espèce d’être qui veut que tout sorte de lui vers lui
Mais le veut-il ou bien plutôt n’est-il qu’afin de mettre au monde
L’être en lui qui toujours lui manque et d’autant surabonde en lui
Un jour à force d’être ainsi incertain d’être par nature
Ce Maintenant dont toute chose avant lui-même a commencé
A son tour prendra nom et forme Eve Maya Sophie ou Femme Un lent frisson traversera sans fin sans fond la nuit du Soi Raz de marée le submergeant dès l’esquisse de ce sourire