Nourrissement
Qui des deux se nourrit de l’autre est-ce la mère est-ce l’enfant Déjà la femme où l’enfant germe y germe inséparablement Plus de soi-même elle s’emplit plus il la mange du dedans Quand il naît il la vide d’elle et s’en affame au même instant
Le Soi la Mère universelle a conçu extatiquement
C’est la montagne au sein neigeux issue du lait de l’océan
Se disputant ce sein gonflé sa portée de nuages blancs
Tètent au rythme des grands fonds qu’ils allaitent incessamment
Le Soi Se rêve né de Soi cherchant le sein aveuglément Tout bien avant d’être visage est bouche errante qui se tend L’origine est leur polypier qui s’ouvre à Soi dans tous les sens En vertige élargi sans fin de gouffres s’entre-dévorant
Lorsqu’à leur manducation insatiable survivant
Mère et enfant s’identifient c’est par degrés d’éloignement
Ainsi le Soi contemple-t-il ses nébuleuses s’étageant
Comme se perd sans se quitter son centre à l’infini des temps