Omniscience
En ce miroir de ta beauté que du néant tu t’es donné Tout être tient en don de Soi l’illusion poignante d’être Ta plénitude en son reflet s’accroît sans fin de s’admirer Et plus l’eau semble effacer l’eau plus l’image persiste en elle
Le fond demeure transparent et peut-être n’existe pas La transparence par degrés sans se ternir se fait ténèbre Comme si le regard au loin se tournait au-dedans de soi L’eau devenant sans qu’il la vît la substance de sa vue même
Omniscience qui n’es rien qu’identité avec l’abîme Du Soi qui S’ouvre et S’engloutit dans sa parfaite ubiquité Tu es sensible en chaque point comme le germe à sa matrice Et chaque point à l’infini propage son unicité
C’est ta candeur ô bien-aimée qui donne à l’homme ce vertige De l’insondable où il ne voit qu’oeil de génisse lisse et rond Il tient la nuit toute en sa paume et sent son orbe qui palpite Sphère cosmique où se conçoit celui qui dans sa main la tient