Soi
Avant que le Rêveur ne rêve il est ce lac au fond de Soi Il est la grotte où dort ce lac et la ténèbre de la grotte Il est son vide de granit dont l’épaisseur n’est nulle part A la fois nulle rien n’étant mais absolue de n’être encore
Aucun rayon inexistant ne perce l’épaisseur du rien Le Soi S’ignore infiniment telle est sa pure conscience Il suffirait qu’un point brillât sur ce lac immuable et noir Pour fragmenter à l’infini la conscience en ses miroirs
Ce point est tout intérieur c’est le foyer où se concentre
Une présence sans pupille un regard non réfléchissant
Le Soi sans cesse resserré Se dilate du même rythme
Le germe infime a pour membrane un au-delà de tous contours
Voici frémir le Grand Rêveur en son sommeil inconcevable Sans toutefois qu’il Se conçoive autrement que dormeur de Soi Nulle image n’affleure donc et la genèse n’est qu’un songe Qui dans les mondes se poursuit sans que s’éveille son auteur