Ruines

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par Pierre Quillard
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À Maurice Nicolle.

L’illustre ville meurt à l’ombre de ses murs ;
L’herbe victorieuse a reconquis la plaine ;
Les chapiteaux brisés saignent de raisins mûrs.

Le barbare enroulé dans sa cape de laine
Qui paît de l’aube au soir ses chevreaux outrageux,
Foule sans frissonner l’orgueil du sol Hellène.

Ni le soleil oblique au flanc des monts neigeux,
Ni l’aurore dorant les cimes embrumées
Ne réveillent en lui la mémoire des dieux.

Ils dorment à jamais dans leurs urnes fermées,
Et quand le buffle vil insulte insolemment
La porte triomphale où passaient des armées,

Nul glaive de héros apparu ne défend
Le porche dévasté par l’hiver et l’automne
Dans le tragique deuil de son écroulement.

Le sombre lierre a clos la gueule de Gorgone.

La lyre héroïque et dolente

Pierre Quillard

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