Cran d’Arrêt
Je n’espère rien du néant
Je ne garde rien de la fête
Et je n’oublie pas le présent
Auquel il faut me tenir tête
Décroche la lumière à fond
Sur cette poitrine rebelle
Plus dure que la pierre où s’épanche son sang
Je ne mens que d’un œil
Une trappe qui s’ouvre
Sur tous les espoirs interdits
Un recul plus farouche devant l’antre qui s’ouvre
Une gorge plus sourde
Au coude de la nuit
Et puis le temps et puis la lampe
Un pas qui trompe sans retour
Dans la rue plus de vie plus d’aile
Sur la route plus d’avenir
De mon cœur jusqu’au fond du monde l’étouffante épaisseur d’un mur.
Extrait de:
1949, Main d’oeuvre, Poèmes 1913 -1949, (Mercure de France)
Pierre Reverdy