Les Travailleurs de la Nuit
La clochette tinte la nuit sur le trottoir. Les savates claquent pour tout le mystère de luxe inemployé. On ne sait pas où il se cache.
Le troupeau, derrière, est silencieux; toutes les bêtes y sont. Elles longent la grille en silence.
En face, de larges plaques divisent le mur bariolé. On entend des propos à voix basse et parfois une voix d’enfant s’élève pour chanter.
Et c’est la nuit, la vie ardente et silencieuse. Quelqu’un s’arrête de dormir. Un homme seul passe entre les ruisseaux.
Tout ce monde inquiet descend la pente de la rue qui les mène dehors. Et tu écoutes derrière la fenêtre basse où filtre un rayon de ta lampe, tu écoutes mourir le
bruit.
Le jour semble sortir lentement d’un étui.
Pierre Reverdy
Travail