Quelque Part

Pierre Reverdy
par Pierre Reverdy
0 vues
0.0

A présent la ruelle est refermée par la lettre majeure de l’enseigne que le vent rabattait sans cesse contre l’arbre du coin de la forêt à vendre.
Le vent en tourbillons aigris garnit le fond de la clairière.

Les passants mal logés sont saisis par le froid.

Les travailleurs de l’art sont morts la nuit dernière.

Maintenant on ne passe plus qu’en courant à cet endroit.

C’est le pont, plus petit qu’une enjambée, qui sonne.

Et les lourds souliers battent le sol, y restent pris et se reforment à chaque pas.

C’est loin de la ville et haut dans l’air.

Plus bas la terre équivoque s’étale.

Lentement le regard s’aiguille vers cette région inconnue où les couleurs ont été depuis longtemps déteintes par la pluie, les brouillards et le vent.
Poussières du désert sur les routes fécondes.
Les mûres saignent au bord du ciel où grimpent les épines.

La couronne du monde enserre le front torturé du couchant.
La haie vive qu’on ne peut pas franchir flambe et brûle les yeux, les mains, l’âme inquiète et lâche qui s’avance.
Mais au croisement des quatre routes, des quatre membres — quand les noms sont portés sur le haut de la croix — on trouve pour toujours, après l’angoisse du passage le

plus serré, le plus étroit, l’arrêt du calme et du repos dans la blancheur de l’étendue et le silence.

Pierre Reverdy

Pierre Reverdy

Qu’en pensez-vous ?

Partagez votre ressenti pour Pierre Reverdy

Noter cette création
1 Étoile2 Étoiles3 Étoiles4 Étoiles5 Étoiles Aucune note
Commenter

Chaque commentaire est une boussole dans notre univers poétique. Orientez-nous.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


Découvrez d'autres poèmes de Pierre Reverdy

Nouveau sur LaPoesie.org ?

Première fois sur LaPoesie.org ?


Rejoignez le plus grand groupe d’écriture de poésie en ligne, améliorez votre art, créez une base de fans et découvrez la meilleure poésie de notre génération.