Sa Vie Contemporaine

Pierre Reverdy
par Pierre Reverdy
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Vous ne passerez jamais par cette porte basse
ni l’allée du milieu

La tête énorme et lourde les dépasse
le ciel se coupe en deux

S’il y avait une autre mesure entre la main et l’oeil

Un cœur qui se méprenne

Et le front plus couvert

Quelques lignes de feu
Des mots plus difficiles

Et les rires des yeux

Enfin quelque signe que l’on comprenne

Ou un refrain pareil

La mer dans les oreilles

Quelques mots plus cruels
Mais le monde est ouvert à tous les pas

Aux ailes
Et même au vent du soir

Pour passer la ruelle où crie l’homme aux prunelles qui saignent
Les mains pleines de neige
Et les pieds titubants
le cou serré dans le halo du dernier réverbère
Sur le trottoir luisant

On traverse des cadres de lumière le long des murs déteints
et creux où passent des clairières des hommes vus de dos
Des éclairs étoufFés des visages de plâtre et des cris déchirés
Et si la tête tombe
Que l’arc monte au rideau

Si la pluie le décore de larmes mêlées d’eau
l’allée devient trop courte la porte se referme
Et celui qui venait s’arrête à deux genoux

Contre le talus et le revers de pierre
La tête on ne sait où

Pierre Reverdy
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