La mer
Ensemencée d’étoiles
Elle répand sur le sable
Des paroles
Des fragments
Des sourires lointains.
Tantôt langoureuse
Semblable à une gitane
Sur un banc de coquillages
Ses doigts caressent
Les cordes du vent.
Tantôt échevelée
La sueur perle son visage.
Elle frappe sur les batteries ;
Les embruns se perdent ou se captent
Avec les cris des oiseaux palmipèdes.
*
Aux lunes pleines
Se tissent les toiles.
Les araignées du rêve
Sortent de leur ventre
Des fils d’encre.
Elle déserte les rivages
Dévoilant ses jambes ruisselantes
Son sexe de goémon.
Le ciel écarte les nuages
Se rince l’œil.
Ou
Elle redouble de vigueur ;
Lâche ses chevaux d’écume
Qui se cabrent, se ruent
Creusent les roches.
Dans les ressacs
La dompteuse exhorte les crinières.
*
Vêtue de brume
On entend les rames des chaloupes.
On devine les barbes
Les boucliers
Les cornes sur les casques
Les plissures des fronts.
De temps en temps une lumière :
Une épée brandit sa lame
Et déchire le rideau opaque.
C’est la langue du sel
Qui crie parmi les cordages ;
Le loup marin
Qui arrache sa pelure.
Le souffle
Enivre les narines de la création.
Son pollen féconde
Le chant des voiles
Et les îles.
*
La pluie se perd dans l’amplitude.
Mais
Quand les yeux noirs iodés
Deviennent transparents
Autour de son cou
La belle porte des bijoux étincelants.
La poitrine épanouie
Elle se balance de liane en liane
Dans les forêts d’algues
Appelant les fauves
Et les troupeaux d’éléphants.
Après le ralliement
Le bruit de frottement
Qui persiste
N’est rien d’autre qu’une plume
Qui griffe le papier.
*
Propagée de soleil
Son corps transmuable
Arbore
Des bleus, des verts, des jaunes, des rouges.
Mais jamais !
Jamais !
Les arbres ne perdent leurs feuilles.