Aloysius BERTRAND
Louis Jacques Napoléon Bertrand, dit Aloysius Bertrand est un poète, dramaturge et journaliste français, né le 20 avril 1807 à Ceva (Piémont), mort le 29 avril 1841, à dix heures du matin, à l’hôpital Necker de Paris. Considéré comme l’inventeur du poème en prose, il est notamment l’auteur d’une œuvre posthume passée à la postérité, « Gaspard de la nuit » (1842).
Né à Ceva, dans le Piémont, en Italie, Aloysius Bertrand était le fils d’une Italienne et d’un officier napoléonien. Il vécut un temps entre Dijon et Paris, où il exerça les métiers de correcteur en imprimerie et de journaliste, soucieux de mettre sa plume au service de la révolution et de son idéal romantique. À Paris, il mena une vie de bohème, mais sa santé fragile lui imposa bientôt de fréquents séjours à l’hôpital. Il s’était auparavant fait apprécier du cercle littéraire hugolien par la lecture qu’il y fit en 1828 de son poème « l’Agonie et la Mort du sire de Maupin », mais il ne put faire jouer son drame « Peter Waldech ou la Chute d’un homme » (1833). L’ensemble de son œuvre ne fut édité, par un proche, qu’après sa mort.
Cet inventeur d’un « nouveau genre en prose » est surtout connu pour un poème en prose inachevé, « Gaspard de la nuit », composé en 1835, qu’il qualifia lui-même de « fantaisie à la manière de Rembrandt et de Callot ». « Gaspard de la nuit » est une évocation fantastique et onirique du Moyen Âge (revisité sans doute par Walter Scott) écrit dans une langue recherchée, riche d’images et de sonorités ensorcelantes. Le poème peint des paysages et des sentiments d’un romantisme noir.
Malgré la liberté de structure et de rythme autorisée par la prose, cette poésie possède bien cette « forme condensée et précieuse » dont parlait Mallarmé.
Les poèmes en prose d’Aloysius Bertrand le rangent, au même titre que Nerval, du côté des poètes qui ont « illuminé » de leur lumière noire le romantisme français. Poète maudit, il inspira Charles Baudelaire, qui reconnut que l’écriture du Spleen de Paris fut l’aboutissement de sa lecture de « Gaspard de la nuit », mais il inspira aussi Mallarmé et les poètes surréalistes, tout particulièrement André Breton, qui célébra en Aloysius Bertrand le poète en quête de merveilleux.