Jean-François de Saint-Lambert
Issu d’une famille noble mais peu fortunée, Jean-François de Saint-Lambert passa sa jeunesse à Affracourt, (il fit ses études au collège de Pont-à-Mousson puis servit dans les gardes lorraines du roi Stanislas Leszczyński, avant de devenir grand-maître de sa garde-robe. Grand, distingué, taciturne, ne riant jamais, refusant de flatter quiconque, un rien sauvage, les femmes l’adoraient.
Il fut remarqué d’abord par la marquise de Boufflers, maîtresse en titre du roi Stanislas, qui le prit un temps pour amant. En 1746, Saint-Lambert partit pour la guerre et, à son retour, constata que Madame de Boufflers l’avait remplacé. C’est pour tenter de la rendre jalouse qu’il séduisit la marquise Émilie du Châtelet, qui venait d’arriver à la cour de Lunéville.
Loin d’être piquée, Madame de Boufflers rit de cette liaison et se plut à l’encourager. Ce qui n’était au départ qu’une bagatelle devint une véritable passion. Émilie du Châtelet, qui mettait de l’excès dans tout ce qu’elle entreprenait, se comportait comme une jeune fille amoureuse, laissant des billets dans les cordes de la harpe de Madame de Boufflers pour que Saint-Lambert les y trouvât. Voltaire ignorait la situation ou feignait de ne s’apercevoir de rien ; en tout cas, à cette époque, ses relations avec Saint-Lambert paraissent sans nuage. Émilie du Châtelet finit par tomber enceinte des œuvres de Saint-Lambert. À quarante ans passés, elle mourut le 10 septembre 1749, peu de temps après avoir donné naissance à une petite fille qui ne lui survécut pas. Voltaire et Saint-Lambert furent auprès d’elle jusqu’aux derniers moments. C’est après cette fin tragique que leurs relations s’aigrirent.
Ce froid dura quelques années puis leurs relations reprirent. Voltaire avait de l’admiration pour Saint-Lambert, qu’il estimait comme poète, et fut l’un de ses partisans résolus lorsqu’il se présenta à l’Académie française.
Après la mort d’Émilie du Châtelet, Saint-Lambert se rendit à Paris et prit du service dans l’armée française. Il fit la campagne de 1757 en Hanovre, obtint le grade de colonel dans l’armée du Roi de France et, peu après, à la suite d’une attaque de paralysie, renonça en 1758 au métier des armes pour se consacrer à la poésie. Il prit le titre de marquis, se lia avec les Encyclopédistes – mentionné comme l’auteur anonyme des articles « faste », « familiarité », « fermeté », « flatterie », « fantaisie », « frivolité », « fragilité » (Morale), « frivolité & génie » (Littérat.) de l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert –, fréquenta les salons de Mesdames d’Épinay, de Lespinasse, Geoffrin et du Deffand et les dîners de Mlle Quinault. En 1752, il entama avec Sophie d’Houdetot, qui était la belle-sœur de Louise d’Épinay et qui inspira une grande passion à Jean-Jacques Rousseau, une liaison qui devait durer près d’un demi-siècle.
Sa réputation ne tarda pas à grandir dans les cercles littéraires et philosophiques de la capitale. Elle augmenta encore lorsqu’il donna, en 1769, son œuvre maîtresse, le poème des Saisons. Elle lui ouvrit toutes grandes les portes de l’Académie française, où il fut élu le 26 avril 1770 au fauteuil 10, en remplacement de l’abbé Trublet. Dès lors, Saint-Lambert jouit d’une grande influence à l’Académie. Recherché et adulé, il fut l’idole du salon de Suzanne Necker.
Pendant la Révolution française, il se retira à Eaubonne auprès de Sophie d’Houdetot. On l’appela, dès lors, « le sage d’Eaubonne ». En réalité, il était devenu mélancolique, et même un peu faible d’esprit, ne trouvant de satisfaction que dans la gourmandise. Il mourut en 1803. Dans un premier temps inhumé au cimetière de Montmartre, sa dépouille fut transférée au cimetière du Père-Lachaise (11e division).
Œuvres
Il a écrit des poèmes et des contes. Ziméo, par exemple, est un conte philosophique.
Bibliographie de JEAN-FRANÇOIS DE SAINT-LAMBERT :
1732 : Ode sur l’eucharistie
1756 : Les fêtes de l’amour et de l’hymen
1759 : Recueil de poésies fugitives
1764 : Essai sur le luxe
1764 : Le Matin et le Soir, poésies
1765 : Sara Th. et l’Abenaki, nouvelle traduite de l’anglais
1769 : Les Saisons, poème. Texte en ligne : [1]
1769 : Sara et Ziméo, contes en prose
1770 : Les Deux Amis, conte iroquois
1770 : Idylle tirée du poème des Saisons
1772 : Fables orientales, en prose
1795 : Œuvres mêlées
1796 : Mémoires sur la vie de Bolingbroke
1798 : Principes des mœurs chez toutes les nations ou Catéchisme universel, 3 vol. : Selon cet ouvrage, les vices et les vertus ne sont que des conventions propres à chaque peuple. Cette théorie audacieuse n’empêcha pas le livre d’obtenir le grand prix de morale de l’Institut en 1810.
1801 : Œuvres philosophiques, 5 vol.
1814, 1822, 1823 : Œuvres, 2 vol.
1826 : Poésies