Léon-Paul Fargue
Fils naturel de Léon Fargue (1849-12 août 1909), ingénieur de l’École centrale, et de Marie Aussudre (1842-21 avril 1935), couturière, Fargue ne fut reconnu par son père que tardivement. Cette circonstance influa notablement sur son existence et peut être à l’origine de sa mélancolie chronique et de sa sensibilité exacerbée.
Après des études secondaires brillantes au lycée Rollin, où il a pour professeurs Mallarmé, Émile Faguet et Valentin Parisot, il entre en 1891 avec Alfred Jarry en khâgne au lycée Henri-IV, où ils suivent, dans des classes différentes, les cours de Bergson. Il déçoit les attentes de sa famille qui le souhaitait normalien en choisissant la poésie, tout en étant sensible à la peinture et au piano. Jarry et lui écrivent, par le biais de Louis Lormel, dans la revue L’Art littéraire en décembre 1893, dans laquelle Fargue publia également un avant-goût de son Tancrède. C’est aussi là qu’il rencontra Fabien Launay et ses amis.
De 1904 à 1907, il fait partie du « groupe de Carnetin », du nom d’une maison sur la Marne, près de Lagny, louée avec Francis Jourdain, Charles-Louis Philippe, Marguerite Audoux, Léon Werth et d’autres.
Il s’introduit rapidement dans les salons littéraires, notamment grâce à Henri de Régnier, aux « mardis » de Mallarmé où il rencontre l’élite intellectuelle et artistique du début du siècle : Paul Valéry, Marcel Schwob, Paul Claudel, Claude Debussy, André Gide. Il fut membre du cercle dit des Apaches (1902-1914) et se lia d’amitié avec Maurice Ravel qui mettra plus tard en musique son poème Rêves (1927).
Il fonde, en 1924, avec Larbaud et Valéry la revue Commerce.
Après quelques poèmes publiés en 1894, il donne Tancrède en 1895 (incipit : « Il était plusieurs fois un jeune homme si beau que les femmes voulaient expressément qu’il écrivît. »), Poèmes en 1912 et Pour la musique en 1914.
Fargue s’exprime le plus souvent en vers libres, voire en prose, dans un langage plein de tendresse et de tristesse, sur des sujets simples, parfois cocasses (on[Qui ?] l’a parfois comparé au photographe Robert Doisneau), plus rarement onirique (Vulturne en 1928). Parisien amoureux de sa ville (D’après Paris, 1932 ; Le Piéton de Paris, 1939), il écrit aussi la solitude oppressante noyée dans la nuit et l’alcool (Haute solitude, 1941). Il est également un chroniqueur de la société parisienne (Refuges, Déjeuners de soleil 1942, La Lanterne magique 1944). Enfin, il créa de multiples contrepèteries : l’« archivaste paléogriffe », le « diplotame » ou « du Jardin des gnolles à Batiplantes ».
Il a intégré l’Académie Mallarmé en 1937. En revanche, il fut le 4 avril 1946, candidat malheureux à l’Académie française, au siège d’Abel Bonnard radié pour collaboration, face à Jules Romains.
Léon-Paul Fargue est victime d’un accident vasculaire cérébral qui va le rendre hémiplégique en 1943 au cours d’un déjeuner parisien au restaurant Le Catalan, 25 rue des grands Augustins, avec Pablo Picasso et Katherine Dudley. Cloué par la paralysie au 1 boulevard du Montparnasse, domicile de Chériane, sa femme peintre épousée en 1935, il y garde cependant une activité littéraire intense jusqu’à sa mort, le 24 novembre 1947. Le carrefour au pied de l’immeuble s’appelle, depuis un arrêté du 26 juin 1957, place Léon-Paul-Fargue.
Il est inhumé à Paris, dans la chapelle familiale du cimetière du Montparnasse (division 18).