Louise LABÉ
Louise Labé née Louise Charly en 1524 à Lyon, décédée le 25 avril 1566 à Parcieux-en-Dombes, est une poétesse française. Surnommée « La Belle Cordière », elle fait partie des poètes en activité à Lyon pendant la Renaissance.
Née à Lyon, elle était la fille d’un riche cordier, Pierre Charly (ou Charlin), surnommé Labé. Elle reçut une bonne éducation «!à l’italienne!» – enseignement de l’italien, du latin et de la musique – et fut instruite au maniement des armes. Autour de 1543, son mariage avec un cordier lui valut son surnom de «!Belle Cordière!».
Louise Labé, dite « la Belle Cordière », est née à Lyon en 1526. « Le plaisir le plus doux qui soit après l’amour, c’est d’en parler » ; Louise Labé a su le faire avec une sensualité rare. Cette « nymphe ardente des bords du Rhône », selon Marceline Desbordes-Valmore, dont la liberté de mœurs étonne ses contemporains, est la fille d’un riche bourgeois de Lyon, qui lui fait donner une solide éducation.
Son caractère indépendant et des rumeurs lui prêtant une liaison avec un poète de La Pléiade, Magny, lui firent à tort une réputation de femme légère. Elle fut en revanche fort réputée, et appréciée des poètes de son temps, qui lui dédièrent de nombreux vers et qui chantèrent sa beauté.
À 16 ans, déguisée en homme pour suivre son amant, elle s’enrôle dans l’armée et participe, sous le nom de capitaine Loys, au siège de Perpignan. Revenue à Lyon se consoler de cet amour finalement malheureux, elle finit par épouser, à 25 ans, le cordier Perrin, d’où son surnom. Cela ne l’assagit pas pour autant, et elle connaît d’autres aventures amoureuses. Selon l’un de ses contemporains, « tous ses goûts furent des passions ». Ses sonnets impudiques, comme sa conduite, attirèrent sur elle injures et malveillance. Elle n’en reste pas moins la reine d’une société raffinée qui groupe autour d’elle les poètes de l’École lyonnaise.
Elle meurt vers 1566, au seuil de la quarantaine. Par testament, elle lègue toute sa fortune aux pauvres. Il faudra encore plusieurs siècles avant que l’on redécouvre sa poésie, si contemporaine.
L’œuvre de Louise Labé, publiée intégralement en 1555, est composée essentiellement d’élégies et de sonnets amoureux, qui furent écrits entre 1545 et 1555. Ces poèmes, d’une grande rigueur formelle, se distinguent des œuvres contemporaines par leur ardeur, leur spontanéité et la sincérité des sentiments exprimés, en même temps que par une philosophie de l’amour d’inspiration platonicienne.
Surnommée «la belle cordière», pour avoir épousé un cordier, elle parlait plusieurs langues. D’une grande beauté, elle était douée pour la musique et l’art de l’équitation. Elle tint longtemps un salon 1ittéraire où vinrent beaucoup des plus grands poètes de son temps. Elle fut reconnue par tous dès son époque, notamment par ses amis de la Pléiade.
La troisième du trio lyonnais, qu’on a surnommée la Belle Cordière, a chanté le côté charnel de l’amour : « Baise m’encor, rebaise-moy et baise… » Mais aussi l’ardeur du cœur, excitée par l’absence, comme en cette fin de la splendide Elégie II. Et puis, femme aux nombreuses contradictions, Louise Labé est experte, comme en témoigne le sonnet « Je vis, je meurs », dans la description des « chaud et froid » de l’amour.
Elle peut être considérée comme l’une des premières féministes importantes par l’audace de ses conseils aux femmes du XVIème siècle. Exemple, la dédicace de ses oeuvres à Clémence de Bourges: «Entant le temps venu que les sévères lois des hommes n’empeschent plus les femmes de s’appliquer aux sciences et disciplines; il me semble que celles qui ont la commodité doivent employer cette honnête 1iberté que notre sexe a autrefois tant désirée à icelles apprendre et montrer aux hommes le tort qu’ils nous faisaient en nous privant du bien et de l’honneur qui nous en pouvaient venir».
Ses sonnets pétrarquisants sont d’une grande beauté et reflètent une passion — réelle ou factice — d’une élégante profondeur de sentiments. Ses autres oeuvres allient parfaitement convention d’écriture et sujets chers à l’époque.
De « Françoys de Billon : Le fort inexpugnable de l’honneur du Sexe Femenin » (1555) :
« Pour mieux amplifier l’Histoire antique de cette Cléopatre, ils s’efforcent souventeffois de l’accoupler à une moderne, par l’exemple de quelque pauvre simplette, ou plus tôt de la belle Cordiere de Lyon, en ses plaisirs : sans qu’ils aient l’entendement de considérer, que s’il y a chose en sa vie qui puisse être condamnée, les hommes premièrement en sont la cause, comme Auteurs de tous les maux en toute Créatures : ni aussi sans pouvoir compenser en elle, les grâces et gentilles perfections qui y sont. A tout le pis qu ‘on pourroit estimer ses autres qualitez, lesquelles, pour résolution, si mauvaises sont, des Hommes sont procédées : et les autres qui sont louables, des deux tant seulement. Parquoi, aussi lubrique ou autrement vicieux que puisse être à présent le Sexe Masculin, la belle Cordiere se pourra bien dire Homme : d’autant plus qu’elle sait dextrement faire tout honnête exercice viril, et spécialement aux Armes et aux Lettres, ce qui la pourra toujours relever de toute mauvaise note que certains Brocar-deurs par malice envieuse s’efforceraient de lui donner : ainsi qu’ils font à toutes, sans exception, de mille autres sornettes ; car cela bien souvent les préserve, faute d’autres meilleurs propos, de s’endormir à la table. »
De « Guillaume Paradin de Cuyseaulx, Doyen de Beau/eu : Mémoires de l’histoire de Lyon » (1573) :
« Loyse l’abbé avait la face plus angelique, qu’humaine : mais ce n ‘était rien à la comparaison de son esprit tant chaste, tant vertueux, tant poétique, tant rare en savoir, qu’il semblait qu’il eût été créé de Dieu pour être admiré comme un grand prodige, entre les humains. Car non seulement elle était instruite en langue latine, au dessus et au delà de la capacité de son sexe, mais elle était admirablement excellente en la Poésie des langues vulgaires de nôtre temps. »
D’Antoine du Verdier en sa « Bibliothèque » (1585) :
« Loyse Labé courtisane Lyonnaise (autrement nommée la belle Cordiere pour ère mariée à un bonhomme de Cordier) picquait fort bien un cheval, à raison de quoi les gentilhommes qui avaient accès à elle l’appelaient le capitaine Loys; femme au demeurant de bon gaillard esprit et de médiocre beauté : recevait gracieusement en sa maison seigneurs, gentilhommes et autres personnes de mérite avec entretien de devis et discours, Musique tant à la voix qu’aux instrumens où elle était fort docte, lecture de bons livres latins, et vulgaires Italiens et Espagnols dont son cabinet était copieusement garni, collation d’exquises confitures; et enfin, elle leur communiquoit privement les pièces les plus secrètes qu’elles eût, et pour dire en un mot faisait part de son corps à ceux qui fonçaient : non toutesfois à tous, et nullement à gens méchaniques et de vile condition, quelque argent que ceux là lui eussent voulu donner. Ce n’est pas pour avoir été courtisane que je lui donne place en cete Bibliothèque, mais seulement pour avoir écrit. »