Marcel Béalu
Marcel Béalu, est un écrivain et un poète français.
Son enfance passée à Saumur, Marcel Béalu part à Paris, puis se fixe en 1931 à Montargis travaillant comme chapelier à La Chapellerie Marcel, au 21 de la rue Dorée. C’est là qu’il publie son premier recueil, Poèmes sur un même thème, en 1932, ouvrage qui lui permet de connaître Jean Rousselot, René Lacôte et Louis Guillaume.
Après une enfance pauvre à Saumur où il lit en autodidacte les classiques, il est de 1931 à 1945 chapelier à Montargis. Il commence à écrire. Sa femme Marguerite Kessel lui fait lire les romantiques allemands. Une rencontre fondamentale en 1937, celle de Max Jacob, qui devient son maître en littérature et l’encourage dans la voie de la simplicité des vocables, de l’élan rythmique, qui restera la sienne en poésie. À partir de 1951, Béalu devient et reste libraire à Paris. Cet indépendant n’a jamais cessé d’écrire des poèmes dont les plus réussis montrent, à côté des joies de l’amour, le mystère, le ” frémissement noir ” qui habitent l’homme, et explorent l’étrangeté du rêve dans un vers de plus en plus libéré.
Le Béalu de la nuit, des difficultés existentielles et ontologiques s’est exprimé surtout dans trois recueils : Mémoires de l’ombre (1941, 1944, 1959, avec de nombreux inédits), L’Expérience de la nuit (1945), Journal d’un mort (1947). Les poètes surréalistes français, mais aussi Poe, Lewis Carroll et Franz Kafka lui ont préparé la voie. En partant de petits faits qui ont l’apparence du vrai, en tout cas du vraisemblable, il invente des contes-poèmes qui relèvent du rêve pur. On ne sait au juste à quel moment se produit le dérapage dans l’irréel. Ce brusque déplacement se retrouve dans le regard, dans le penseur, dans le style. Le « dormeur éveillé » voit tout à coup ce qu’il se refusait à voir : l’absurdité du monde telle que nous la vivons, immergés que nous sommes dans le pathétique, la naïveté, l’amour. Si nous résistons à l’épreuve, nous en restons marqués, un peu délirants et fragiles. L’influence de Kafka, qui dominait alors les lettres françaises, l’expérience de la vie quotidienne sous l’Occupation expliquent en partie cette sensibilité et cette coloration.
Poète donc et libraire, les deux activités chez Béalu se complétaient à merveille. Dans sa boutique rue de Beaune, puis dans le quartier Saint-Séverin et enfin dans une ancienne boucherie au 62, rue de Vaugirard, Béalu ne se contentait pas de vendre les livres de ses amis mais racontait volontiers mille anecdotes sur leurs auteurs. On était sûr de trouver chez lui ce qu’on ne trouvait nulle part ailleurs, les œuvres d’Armand Robin, de Lucien Becker, de Joyce Mansour et de tant d’autres. C’est qu’il en avait vu défiler du monde dans sa boutique, depuis son premier client Lacan, qui lui acheta les œuvres complètes de Shakespeare, et oublia de les lui payer.
Œuvres
Poèmes Poèmes sur un même thème (Notre Temps, 1932).
Les Yeux ouverts (Paris, E. Figuière, 1936).
Esquisse de l’idole (Imprimerie Delayance, 1936).
Écrits dans la ville (Paris, Édition du Sagittaire, 1937).
La Rivière (Paramé en Bretagne, Édition du Goeland, 1938).
Tumulte des amarres (Feuillets de Sagesse, 1938).
Pouce ! (Feuillets de l’îlot, 1939).
Cœur vivant (Jean Flory, 1941).
L’Île au cri de silence, suivi d’autres poèmes (Cahiers de Rochefort, 1941).
Cœur vivant (Paris, Jean Flory, 1941).
Cœur en guise d’ailes (La Presse à bras, 1950).
Ocarina (Seghers, 1953).
L’Herbier de feu (Rougerie, 1955).
L’Air de vie, 1936-1956 (Seghers, 1958).
Amour me cèle celle que j’aime (Seghers, 1962).
D’où part le regard (Éditions De Beaune, 1964 – réédition Rougerie, 1971).
Dix poèmes pour cartes postales (Le Pont traversé, 1966).
La Voix sans nom (Rougerie, 1967).
La Nuit nous garde (Vodaine, 1968).
L’Écorce et le Vent (Robert Blanchet, 1970).
La Flamme sans ombre (La Motte, 1974).
Yamira (Le Pont traversé, 1975).
Poèmes, 1936-1960 (Le Pont traversé, 1976).
Miroir ambigu de l’Amour (S.M.E., 1979).
Les cent ciels (Robert Blanchet, 1980).
Poèmes, 1960-1980 (Le Pont traversé, 1981).
Romans
Mémoires de l’ombre, fragments (Paris, Debresse, 1941). Dix fragments inédits des Mémoires de l’ombre, illustrations de Roger Toulouse (Galerie Drouin, 1942).
Mémoires de l’ombre (Gallimard, 1944).
Mémoires de l’ombre, édition augmentée (Le Terrain vague, 1959).
L’Expérience de la Nuit. Gallimard, 1945.
Journal d’un mort. Gallimard, 1947.
La Pérégrination Fantasque. Vrille, 1951.
Passage de la Bête, roman (Belfond).
La Millanderie, roman (Deux Rives).
L’Araignée d’Eau, illustré de dessins de l’auteur. Librairie Les Lettres. L’Araignée d’eau et autres récits fantastiques, préface d’André Pieyre de Mandiargues. Paris, Nouvel Office d’édition, Poche-Club, 1964.
L’Aventure impersonnelle et autres contes fantastiques. Marabout.
Contes du demi-sommeil. Fanlac.