René CHAR
René Char est né le 14 juin 1907 à L’Isle-sur-la-Sorgue dans le Vaucluse.
En 1929 René Char adhère au mouvement surréaliste. René Char a 22 ans, la plupart des autres poètes : Aragon, Eluard, Breton sont âgés d’environ trente ans. J’étais un révolté et je cherchais des frères : j’étais seul à l’Isle, sauf l’amitié de Francis Curel qui avait l’imagination nocturne. Sa profession de foi du sujet débute ainsi : … Je touche enfin à cette liberté entrevue, combien impérieusement, sur le déclin d’une adolescence en haillons et fort peu méritoire…. Mais ce n’est qu’un passage pendant lequel il signera quelques tracts et un recueil en commun avec Eluard et Breton en 1930, Ralentir travaux.
En 1934, il reprend son indépendance. Son œuvre devient celle d’un solitaire ne souffrant aucune compromission. Elle témoigne de son insoumission devant les agressions du monde. Char est un homme d’action, le devenir du monde l’importe au plus haut. En 1937, il dédie son Placard pour un chemin des écoliers aux enfants d’Espagne. Démobilisé en 1940, il entre presque aussitôt dans la Résistance sous le nom de guerre d’Alexandre. Il écrit son journal, chronique de la résistance, qui sera publié sous le nom les Feuillets d’Hypnos (1946). En 1948, le danger de pollution de la nature lui inspire une pièce, le Soleil des eaux. En 1965, il mène campagne contre l’implantation de fusées nucléaires sur le plateau d’Albion.
La poésie de Char puise sans cesse dans le réel et dans la terre. Il est enraciné dans son pays natal et s’inspire abondamment de la Provence, de ses pierres, sa flore et sa faune. Mais ce côté bucolique n’est que l’apparence d’une recherche toujours plus rigoureuse de son état d’homme Cet élan absurde du corps et de l’âme, ce boulet de canon qui atteint sa cible en la faisant éclater, oui, c’est bien là la vie d’un homme ! On ne peut pas, au sortir de l’enfance, indéfiniment étrangler son prochain.
René Char meurt d’une crise cardiaque le 19 février 1988. En mai de la même année, paraîtra un recueil posthume L’éloge d’une soupçonnée.
Il était avant tout un homme du Midi à la voix rocailleuse, à l’amitié rugueuse. Il se reconnaissait ainsi par-dessus tout, « homme de jour pur et d’eau courante ».
Il voulait être et entretenir la vie par la perpétuelle collaboration avec la mort.
Sa conception tragique du monde le conduisait à cela, mais il ajoutait thym et romarin à ses flammèches de feu sur son front de Moïse descendant de tous les buissons ardents, avec ses poèmes-tables de la loi à la main.
Et c’était lui et lui seul qui les avaient dictées.
Poète des courtes secousses, des phrases sibyllines il reste sur les crêtes, et à nous de décrypter. La poésie doit sauver le monde est Char est son passeur.
Quitte à déchaîner les orages :
Au plus fort de l’orage, il y a toujours un oiseau pour nous rassurer. C’est l’oiseau inconnu. Il chante avant de s’envoler.
« Un peu de ce soleil que les lignes de René Char ont épanoui entre mes poumons, comme un grand oiseau d’or… » disait Joë Bousquet. Il était lucide, donc douloureux du fait de sa lucidité. Sa poésie est brutale et physique, elle vous saute dessus, et se proclame toujours vainqueur.
À ceux dont la vie ne tient qu’à un fil, c’est-à-dire nous tous, René Char est indispensable.
Présent aux autres, eau dure et claire il se mérite. Et sa voix d’encre continue à tonner en nous.
Son œuvre sera désormais celle d’un solitaire et d’un homme d’action en prise avec son temps : en 1937, il dédie son Placard pour un chemin des écoliers aux ‘enfants d’Espagne’.
Démobilisé en 1940, il entre presque aussitôt dans la Résistance sous le nom de guerre d’Alexandre. Cette expérience sera relatée dans ‘Les Feuillets d’Hypnos’ (1946).
Œuvre
Ses Recueils poétiques
Arsenal, 1929
Ralentir Travaux,1930, en collaboration avec André Breton et Paul Éluard
Artine, 1930
Le Marteau sans maître, 1934
Seuls demeurent, 1945
Le Poème pulvérisé, 1945
Feuillets d’Hypnos, 1946
Fureur et Mystère, 1948
Le Soleil des eaux, 1949
Les Matinaux, 1950
L’Art bref suivi de Premières alluvions, 1950
À une sérénité crispée, 1951
Lettera Amorosa, 1952
Recherche de la base et du sommet, 1955
La Parole en archipel, 1962
Dans la pluie giboyeuse, 1968
Le Nu perdu, 1971
Aromates chasseurs, 1976
Chants de la Balandrane, 1977
Fenêtres dormantes et porte sur le toit, 1979
Les Voisinages de Van Gogh, 1985
Éloge d’une soupçonnée, 1988
René Char, Œuvres complètes, éditions Gallimard, «Bibliothèque de la Pléiade», Paris, 1983, édition revue en 1995, introduction de Jean Roudaut.