Siméon-Guillaume de La Roque
Siméon-Guillaume de La Roque, est un poète baroque français.
Avec Malherbe, La Roque accompagna Henri d’Angoulême en Provence. Puis il passa à la Ligue et se rallia à Henri IV. En finale de la complainte qui suit, il oppose ses « bonheurs en guerre » à ses « misères en amour » dont il se lamente, exilé, comme il dit, dans le bocage.
La Roque doit sa redécouverte récente à Malherbe, dont il était l’ami et sur qui on s’est rendu compte qu’il exerça, alors que celui-ci cherchait encore sa voie, une influence non négligeable. Or, s’il est vrai que les conceptions poétiques de La Roque sont en quelque sorte malherbiennes avant la lettre, faisant preuve, tant dans l’utilisation des formes et des structures poétiques que dans la façon d’intellectualiser les figures, d’une mesure et d’un équilibre qu’on peut dire classiques, il y a dans sa poésie une sorte de prolixité qui l’éloigné radicalement du Malherbe de la maturité. C’est que l’imaginaire de La Roque est riche d’obsessions qui, au sein d’une veine lyrique traditionnellement pétrarquisante, l’amènent à construire une sorte de géographie noire : les ombres y dominent, ombres des lieux retirés, des cavernes, des bois, ombres de la nuit et des songes, et bien sûr ombres de la mort. Plus que les thèmes et les motifs développés — souffrance d’amour, inconstance du monde et du cœur, navigation incertaine de la vie —, ce qui fait la tonalité propre du poète, c’est cette prédilection pour le côté sombre des choses, qu’il cherche à capter par toutes les ressources d’une rhétorique habile au choc des images et aux formules surprenantes. H se construit ainsi, loin de toute attache réaliste, une sorte de monde abstrait, où c’est finalement la poésie qui se nourrit d’elle-même.
La poésie de Siméon-Guillaume de La Roque combine l’influence de Ronsard et de Desportes, non sans puiser directement à diverses sources italiennes. Elle influence Malherbe, dont l’auteur est l’ami. Par le choix de ses thèmes et de ses rythmes, son œuvre se trouve ainsi au carrefour de tous les destins poétiques.
Œuvres
Les Premières Œuvres de S.-G. de La Roque (1590)
Amours de Caritée (1595)
Continuation de l’Angélique d’Arioste (1595)
Les Heureuses amours de Cloridan (1596)
Diverses poésies (1597) Texte en ligne
Hymne sur l’embarquement de la Royne et de son arrivée en France (1600)
Les Œuvres du sieur de La Roque (1609)
La Chaste bergère, pastorale (1629)
Étude : Gisèle Mathieu-Castellani, introduction à son édition des Poésies, p. vii-lxv.
« Il se dit de Clermont en Beauvaisis. Mr Baillet, qui pouvait en
être instruit, dit qu’il n’était pas de cette ville même, mais du village
d’Agnès qui n’en est pas éloigné. C’était apparemment une terre de sa
famille ; car La Roque était gentilhomme. Dans l’Epitre Dédicatoire
de ses œuvres à la Reine Marguerite, il nous apprend, que ce qu’il
savait il l’avait acquis en la conversation des Doctes, comme en la
nourriture qu’il avait prise chez un Prince rempli de savoir et de
mérite. Ce Prince, qu’il ne nomme pas, appartenait dit-il du côté
du père à la Reine Marguerite. C’étoit donc apparamment Henri,
légitimé de France, fils naturel de Henri II, qui fut grand Prieur de
France, Grand Amiral, Gouverneur de Provence, tué en 1586 par le
Baron de Castellane. La Roque séjourna en effet en Provence ; mais
il fit aussi beaucoup d’autres courses, si l’on doit entendre à la lettre
ce qu’il écrit au sonnet 59ème de ses Œuvres Chrestiennes :
J’ay quarante ans passés, je sçay que c’est du monde;
J’ay suivi le Dieu mars et celui des Amours :
J’ay veu de maints pays les cités et les tours,
Et long temps voyagé sur la terre et sur l’onde.
J’ay leu de maints Autheurs la science féconde
Tant que j’en ay l’esprit lassé de leurs discours :
J’ay passé maintefois et les nuits et les jours
A carresser la Muse où toute erreur abonde
« On lit dans la vie de Malherbe, attribuée à Racan, que La
Roque est mort à la suite de la Reine Marguerite, par conséquent avant
1615. On ajoute au même endroit, qu’il faisait joliment des vers et que
lui et Malherbe poussèrent si vivement à cheval M. de Sully, l’espace
de deux ou trois lieues, que mr de Sully en avait toujours conservé
depuis du ressentiment. »