L’instant fatal
Quand nous pénétrerons la gueule ed’ de travers dans l’empire des morts
avecque nos verrues nos poux et nos cancers comme en ont tous les morts
lorsque-narine close on ira dans la terre rejoindre tous les morts
après dégustation de pompe funéraire qui asperge les morts
quand la canine molle on mordra la poussière que font les os des morts
des bouchons dans l’oreille et le bec dans la bière abreuvoir pour les morts
lorsque le corps bien las fatigue médullaire qui esquinte les morts
et le cerveau mité un peu genre gruyère apanage des morts
quand le chose flétri les machines précaire» guère baisent les morts
et le dos tout voûté la charpente angulaire peu souples sont les morts
nous irons retrouver le cafard mortuaire qui grignote les morts
charriant notre cercueil vers notre cimetière où bougonnent les morts
lorsque le monde aura marmonné ses prières qui rassurent les morts
et remis notre cause es dossiers des notaires ce qui forclôt les morts
distribuant nos argents comme nos inventaires nos défroques de morts
aux vifs qui comme nous enrhumés éternuèrent se mouchent plus les morts
quand nous pénétrerons la gueule ed’ de travers dans l’empire des morts
alors il nous faudra lugubres lampadaires s’éteindre comme morts
et brusquement boucler le cercle élémentaire qui nous agrège aux morts
il nous faudra brûler nos volontés dernières à la flamme des morts
et récapituler d’urie façon scolaire nos souvenirs de morts
tu te revois enfant tu souris à la terre qui recouvre les morts
et tu souris au ciel toit bleu du luminaire l’oublient vite les morts
tu souris à l’espace irrité de la mer qui engloutit les morts
et tu souris au feu le bon incendiaire qui combure les morts
on te sourit à toi c’est ton papa ta mère maintenant simples morts
de même que tontons cousins chats et grands-pères ne sais-tu qu’ils sont morts
et le bon chien
Arthur le caniche
Prosper ouah ouab qu’ils font les morts
et non moins décédés les glavieux magistère de ton temps déjà morts
et non moins macchabés le boucher l’épicière une cité de morts
puis te voilà jeune homme et tu vas à la guerre où foisonnent les morts
après tu te maries ensuite tu es père procréant futurs morts
tu as un bon métier tu vis et tu prospères en profitant des morts
te voilà bedonnant tu grisonnes gros père tu exècres les morts
puis c’est la maladie et puis c’est la misère tu t’inquiètes des morts
toussant et tremblotant tout doux tu dégénères tu ressembles aux morts
jusqu’au jour où foutu la gueule ed’ de travers plongeant parmi les morts
essayant d’agripper la sensation première qui n’est pas pour les morts
désireux d’oublier le vocable arbitraire qui désigne les morts
tu veux revivre enfin la mémoire plénière qui t’éloigne des morts
louable effort! juste tâche! conscience exemplaire dont sourient les morts car
toujours l’instant fatal viendra pour nous distraire