Un cygne mort…

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par Raymond Radiguet
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Un cygne mort ne se remarque
Parmi l’écume au bord du lac.

Léda te voilà bien vengée,
Pense qu’un cygne au tien pareil
D’une aïeule charmant l’oreille
Au premier chant fut égorgé.

Son duvet emplit l’édredon
Sous lequel Léda délaissée
Informe de son abandon
Le passant qui déjà le sait.

Passez, couleurs, puisque tout passe
À la fin il reste du blanc.
Les anges en peignoir de bain
Sur le sable n’ont laissé trace

De leur passage. Et les dérange
Du chien la nuit quelque aboiement,
Le simple coup de pied d’un ange
Enseigne au chien comme l’on ment.

Et toi, mon cygne, ma tristesse,
Qu’en attendant Noël j’engraisse,
Les larmes dont ton coeur est plein
Empêchent le sang de tacher
Le sable sur lequel Léda
Pour un cygne se suicida.

Son linge, ses larmes séchés,
L’ange s’élance du tremplin.

Les joues en feu

Raymond Radiguet

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