Les Chats
Dans le miroir de la nuit vêtue d’étoiles
Des athlètes légers et agiles
Se glissent dans le noir.
Qu’ils soient errants ou de race,
Ils sont les maitres d’un petit quartier.
Ou les sultans d’un grand foyer.
Sur les toits ou sur les pavés, ils se nourrissent de liberté,
Mais ils rêvent d’un canapé
Si leur copain est renversé.
Pas très loin, dans une rue,
S’ouvre une poubelle tout d’un coup.
C’est un matou qui a sauté dessus
Pour en découvrir le contenu.
Parfois, derrière de grandes moustaches,
Des regards curieux suivent un ivrogne
Qui chancelle ou qui grogne.
Les chats ont des ailes pour prendre le ciel
Ou que des pattes pour l’essentiel.
Certains sont nobles à la posture grandiose
Habitant une ferme ou une maison luxueuse,
Et les paupières mi-closes,
Ils savourent la vie, la vie en rose.
Blancs, gris, noirs ou quoi
Ils sont heureux de vivre comme des rois
Sans connaitre le désarroi.
Dans leurs prunelles pleines de lumière
S’écoule leur âge comme une rivière
En flairant toujours qui est sincère
Même sans l’aide d’un réverbère.
Dans le corps d’un petit chat
Il y a parfois un maharajah
Et ses yeux de joli gamin
Cachent souvent un malandrin.
Sans problèmes de transcendance
Ils vivent toujours d’indépendance
Et leur petite âme, quand elle s’en va,
Elle frappe à la porte de l’au-delà.
Moi aussi, je suis un chat
Et quand je miaule c’est bien mon choix.
Si je le fais, je sais pourquoi.
C’est ma pensée qui claque ses doigts.
Ma pensée est un chat errant,
Elle a les yeux d’un vrai félin
Et fouille sans cesse dans tous les coins
À la recherche d’une belle souris
S’éloignant de son abri.
Solitaire dans son domaine, riche et profonde,
Tantôt elle sourit, tantôt elle gronde.
Qu’elle soit noble ou plébéienne,
Bohémienne ou manichéenne
D’une gouttière à l’autre, d’un jardin à l’autre
D’une poubelle à l’autre, elle cherche sa nourriture
Et ronronne sur les genoux d’Épicure.
Blanche, noire, grise ou en couleurs
Elle s’abreuve de bonheur
Et oublie le monde et ses horreurs.