Medley Médiéval
Rivières, fleuves, montagnes,
Bois et lacs, collines et forets, vallées et grottes obscures,
Pensée mystique ou rationnelle.
La nature s’éveille dans son manteau de symboles,
Le Ciel sent les lilas, l’herbe sent les barbares.
Dans les Pyrénées, Roland est blessé,
Le sang coule lentement,
Il descend des veines rompues :
L’olifant se tait.
Le preux s’allonge sous un pin, face à l’Espagne
Et tend son gant en disant au revoir
A la douce France.
Il meurt en silence,
Les anges emmènent son âme au Paradis.
Le filtre magique unit à jamais
Tristan et Yseult, amants sacrilèges,
Prisonniers de l’amour et de ses chaines.
Merlin l’enchanteur fête son Roi
A la Table de la Fraternité
Où la quête du Graal séduit les chevaliers sans tache.
Lancelot poursuit Méléagant qui a enlevé Guenièvre,
Une passion secrète le dévore
Tandis qu’Arthur meurt de chagrin.
Le vilain, médecin malgré lui, guérit la princesse
Tourmentée par l’arête.
A Paris, Rutebeuf plaint le temps de sa jeunesse
Et cherche en vain ses amis
Mais qu’est-ce qu’ils sont devenus ?
Le vent les a emportés ? Ou quoi ?
Il ne lui reste que pauvreté et misère.
Parmi les gargouilles de Notre-Dame
Le fou d’amour rêve de la belle gitane
Et le son de ses cloches
S’ouvre au coeur de la ville.
Sur la butte du gibet,
Livrés au vent, six pendus flottent en l’air
Ballottés de long en large.
Ils invoquent leurs frères humains
Mais où est le pauvre Villon ?
Il meurt de soif auprès de la fontaine
Ou il cherche Flore la belle romaine ?
Loin d’Orléans le prince amoureux languit dans sa prison,
Il grave des mots en lettres d’or dans un poème
Et songe à l’amour qu’il désire plus que sa vie.
Sous un toit d’étoiles,
Renart se régale de poissons
Alors qu’Ysengrin cherche ses jambons.
Rue Saint Jacques, Jean de Meung écrit :
« Nul est noble sinon par les qualités du cœur.
Noblesse de lignage n’est pas noblesse qui vaut
Si le coeur n’a pas ses vertus ».
Comique, tragique, pénitence,
Ascétisme et luxure, foi et mystère,
Miracles et passions, astuce, naïveté, amour et folie,
Magie et réalité.
Tout se mélange dans ce monde étrange
Mais personne n’entend le cri lointain
De notre père, Adam le paria.