A Ronsard
Ô maître des charmeurs de l’oreille, ô Ronsard,
J’admire tes vieux vers, et comment ton génie
Aux lois d’un juste sens et d’une ample harmonie
Sait dans le jeu des mots asservir le hasard.
Mais, plus que ton beau verbe et plus que ton grand art,
J’aime ta passion d’antique poésie
Et cette téméraire et sainte fantaisie
D’être un nouvel Orphée aux hommes nés trop tard.
Ah ! Depuis que les cieux, les champs, les bois et l’onde
N’avaient plus d’âme, un deuil assombrissait le monde,
Car le monde sans lyre est comme inhabité !
Tu viens, tu ressaisis la lyre, tu l’accordes,
Et, fier, tu rajeunis la gloire des sept cordes,
Et tu refais aux dieux une immortalité.
Les vaines tendresses