Douceur d’avril

René-François Sully Prudhomme
par René-François Sully Prudhomme
0 vues
0.0

à Albert Mérat

J’ai peur d’avril, peur de l’émoi
Qu’éveille sa douceur touchante ;
Vous qu’elle a troublés comme moi,
C’est pour vous seuls que je la chante.

En décembre, quand l’air est froid,
Le temps brumeux, le jour livide,
Le coeur, moins tendre et plus étroit,
Semble mieux supporter son vide.

Rien de joyeux dans la saison
Ne lui fait sentir qu’il est triste ;
Rien en haut, rien à l’horizon
Ne révèle qu’un ciel existe.

Mais, dès que l’azur se fait voir,
Le coeur s’élargit et se creuse,
Et s’ouvre pour le recevoir
Dans sa profondeur douloureuse ;

Et ce bleu qui lui rit de loin,
L’attirant sans jamais descendre,
Lui donne l’infini besoin
D’un essor impossible à prendre.

Le bonheur candide et serein
Qui s’exhale de toutes choses,
L’oppresse, et son premier chagrin
Rajeunit à l’odeur des roses.

Il sent, dans un réveil confus,
Les anciennes ardeurs revivre,
Et les mêmes anciens refus
Le repousser dès qu’il s’y livre.

J’ai peur d’avril, peur de l’émoi
Qu’éveille sa douceur touchante ;
Vous qu’elle a troublés comme moi,
C’est pour vous seuls que je la chante.

Les vaines tendresses

René-François Sully Prudhomme

Qu’en pensez-vous ?

Partagez votre ressenti pour René-François Sully Prudhomme

Noter cette création
1 Étoile2 Étoiles3 Étoiles4 Étoiles5 Étoiles Aucune note
Commenter

Dans le monde de la poésie, chaque mot compte. Votre voix a sa place ici.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


Découvrez d'autres poèmes de René-François Sully Prudhomme

Nouveau sur LaPoesie.org ?

Première fois sur LaPoesie.org ?


Rejoignez le plus grand groupe d’écriture de poésie en ligne, améliorez votre art, créez une base de fans et découvrez la meilleure poésie de notre génération.