La bouture

René-François Sully Prudhomme
par René-François Sully Prudhomme
0 vues
0.0

Au temps où les plaines sont vertes,
Où le ciel dore les chemins,
Où la grâce des fleurs ouvertes
Tente les lèvres et les mains,

Au mois de mai, sur sa fenêtre,
Un jeune homme avait un rosier ;
Il y laissait les roses naître
Sans les voir ni s’en soucier ;

Et les femmes qui d’aventure
Passaient près du bel arbrisseau,
En se jouant, pour leur ceinture
Pillaient les fleurs du jouvenceau.

Sous leurs doigts, d’un précoce automne
Mourait l’arbuste dévasté ;
Il perdit toute sa couronne,
Et la fenêtre sa gaîté ;

Si bien qu’un jour, de porte en porte,
Le jeune homme frappa, criant :
« Qu’une de vous me la rapporte,
La fleur qu’elle a prise en riant ! »

Mais les portes demeuraient closes.
Une à la fin pourtant s’ouvrit :
« Ah ! Viens, dit en montrant des roses
Une vierge qui lui sourit ;

Je n’ai rien pris pour ma parure ;
Mais sauvant le dernier rameau,
Vois ! J’en ai fait cette bouture,
Pour te le rendre un jour plus beau. »

René-François Sully Prudhomme

Qu’en pensez-vous ?

Partagez votre ressenti pour René-François Sully Prudhomme

Noter cette création
1 Étoile2 Étoiles3 Étoiles4 Étoiles5 Étoiles Aucune note
Commenter

Chaque commentaire est une étoile dans notre ciel poétique. Brillez avec le vôtre, comme Apollinaire dans la nuit.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


Découvrez d'autres poèmes de René-François Sully Prudhomme

Nouveau sur LaPoesie.org ?

Première fois sur LaPoesie.org ?


Rejoignez le plus grand groupe d’écriture de poésie en ligne, améliorez votre art, créez une base de fans et découvrez la meilleure poésie de notre génération.