L’axe du monde
Sonnet.
Atlas porte le monde, et, les poings sur les reins,
Suant, le front plissé, le sang à la narine ;
Il pleure, et dans le creux de sa grande poitrine
Appuie en gémissant sa barbe aux rudes crins.
« Debout ! forgez des socs, des leviers et des freins !
Crie Atlas aux mortels que le travail chagrine ;
Les bêtes, les forêts, les champs et l’eau marine,
Subjugués, vous feront rivaux des dieux sereins ;
« C’est moi qu’ils ont chargé de la plus lourde tâche.
Aurez-vous à ce point l’âme inféconde et lâche
De rester fainéants quand je peine pour vous ?
« Dressez une montagne ou quelque énorme ville,
Pour égaler les dieux et rendre moins stérile
Le labeur éternel de mes fermes genoux. »