Quand les heures pour vous
Sonnet.
Quand les heures pour vous prolongeant la sieste,
Toutes, d’un vol égal et d’un front différent,
Sur vos yeux demi-clos qu’elles vont effleurant,
Bercent de leurs pieds frais l’oisiveté céleste,
Elles marchent pour nous, et leur bande au pied leste,
Dans le premier repos, dès l’aube, nous surprend,
Pousse du pied les vieux et les jeunes du geste,
Sur les coureurs tombés passe comme un torrent ;
Esclaves surmenés des heures trop rapides,
Nous mourrons n’ayant fait que nous donner des rides,
Car le beau sous nos fronts demeure inexprimé.
Mais vous, votre art consiste à vous laisser éclore,
Vous qui même en dormant accomplissez encore
Votre beauté, chef-d’œuvre ignorant, mais aimé.