Silence et nuit des bois
Il est plus d’un silence, il est plus d’une nuit,
Car chaque solitude a son propre mystère :
Les bois ont donc aussi leur façon de se taire
Et d’être obscurs aux yeux que le rêve y conduit.
On sent dans leur silence errer l’âme du bruit,
Et dans leur nuit filtrer des sables de lumière.
Leur mystère est vivant : chaque homme à sa manière
Selon ses souvenirs l’éprouve et le traduit.
La nuit des bois fait naître une aube de pensées ;
Et, favorable au vol des strophes cadencées,
Leur silence est ailé comme un oiseau qui dort.
Et le cœur dans les bois se donne sans effort :
Leur nuit rend plus profonds les regards qu’on y lance,
Et les aveux d’amour se font de leur silence.