Notre heure
Écoute le doux bruit de cette heure que j’aime
Et qui passe et qui fuit et meurt en un poème !
Écoute ce doux bruit tranquille et passager
Des ailes de l’Instant qui s’envole, léger !
Je crois que ma douleur n’est que celle d’un autre…
Et cette heure est à nous comme une chose nôtre…
Car cette heure ne peut être à d’autres qu’à nous,
Avec son doux parfum et son glissement doux…
Elle est pareille à la chanson basse qui leurre
Et qui vient de la mer… Ah ! retenir notre heure !
Ô triste enchantement de se dire : Jamais
Je ne retrouverai cette heure que j’aimais !
Renée Vivien, Dans un coin de violettes, 1910