Mise en scène
Je viens chercher le jour dans les prés endormis,
les révoltes, les choix qui ne mènent à rien,
je viens pendre mes cris aux branches désolées,
me vivre glissement au seuil de la violence.
Que le soleil qui boit sa clarté dans l’espace délivre
des objets qui ne retombent pas sur le chemin
vaincu où les herbes frivoles épuisent terre
et chair sans franchir ma naissance.
Mais venir me désigne aux portails étonnés
devant un geste impur que les heures déposent
dans les grilles du vent proche des oiseaux morts.
Venir avec mon nom que je livre à ces mots
pour me déposséder du rivage où se perd
l’envers de mon éveil sous les traces
du songe.
O terre visitée jusqu’au refus !
soirs sans protection,
enfance expirante,
se plaindre dans son poème
approfondit la peur,
et le goût des fruits
résiste à la douceur des bouches.
Terre, terre vouée aux tortures familières,
regard défait, ténèbre hostile, gestes
nourris de colère, ne rien savoir,
ne rien croire fut la louange,
on préféra la séduction de la sérénité,
de la fidélité, ô meurtrissure du destin,
gouffre, souffle du vide !
Terre, écrite sans ton nom, sans le nôtre,
sans l’adolescence des questions,
terre arrachée à l’orbite,
aux phrases nombreuses du monde,
à ces phrases battues
avant d’avoir désiré, désigné
la source de l’espace,
terre, mémoire insalubre
de nos strophes sans alliance
avec le secret qui eût parlé de nous.