Destinée arbitraire
À Georges Malkine
Voici venir le temps des croisades.
Par la fenêtre fermée les oiseaux s’obstinent à parler
comme les poissons d’aquarium.
À la devanture boutique
une jolie femme sourit.
Bonheur tu n’es que cire à cacheter
et je passe tel un feu follet.
Un grand nombre de gardiens poursuivent
un inoffensif papillon échappé de l’asile
Il devient sous mes mains pantalon de dentelle
et ta chair d’aigle
ô mon rêve quand je vous caresse !
Demain on enterrera gratuitement
on ne s’enrhumera plus
on parlera le langage des fleurs
on s’éclairera de lumières inconnues à ce jour.
Mais aujourd’hui c’est aujourd’hui
Je sens que mon commencement est proche
pareil aux blés de juin.
Gendarmes passez-moi les menottes.
Les statues se détournent sans obéir.
Sous leur socle j’inscrirai des injures et le nom
de mon pire ennemi.
Là-bas dans l’océan
Entre deux eaux
Un beau corps de femme
Fait reculer les requins
Ils montent à la surface se mirer dans l’air
et n’osent pas mordre aux seins
aux seins délicieux.