Paris

Paris ! c’est l’esprit, c’est la grâce,

C’est un refrain, c’est un couplet.

C’est l’éternité sur l’espace,

C’est l’heure sur un bracelet.
C’est quelquefois un peu de prose

Mais c’est bien du lyrisme aussi.

C’est une corbeille de roses

Se promenant sur un taxi.
C’est un moineau parmi la neige,

C’est un pied nu sur un talon,

C’est l’argot qui veut qu’on abrège

Un tas de mots qui sont trop longs.
C’est le dernier métro qui gronde,

C’est le premier muguet fleuri,

C’est une cigarette blonde,

C’est un bateau mouche…

Paris,
C’est la rue où du soleil danse,

C’est le boulevard enchanté,

C’est une leçon de prudence,

Dans tous les passages cloutés.
C’est une main qu’on abandonne,

C’est un collier pas très en or,

C’est un rendez-vous qu’on se donne

À la Piscine Molitor.
C’est une fleur au coin d’un châle,

C’est une mode au coin d’un jour,

C’est un petit sourire pâle

Qui cache un grand chagrin d’amour.
C’est, sur un nez qui se chiffonne,

Un peu trop de poudre de riz.

Et c’est aussi le téléphone

Qui n’est jamais libre…

Paris,
C’est, lorsque le soleil qui passe

Retarde un peu l’heure d’été,

Toutes les fontaines Wallace

Où l’eau fraîche est en liberté.
C’est, lorsque la lune apparue

Magnétise le soir tombant,

Des rêves dans les vieilles rues

Et des baisers sur les vieux bancs.
C’est, lorsqu’après mille secousses

On a voyagé n’importe où,

Le premier cri toujours qu’on pousse :

« Ah ! Paris ! c’est plus beau que tout ! »
C’est l’Obélisque sans rivale !

L’Arc de Triomphe ! le Grand Prix !

C’est le silence d’une salle

Dès qu’on parle à son cœur…

Paris,
C’est Lindbergh dont l’aile tressaille

Sans un quart d’heure de retard.

C’est un vers d’Anna de Noailles,

C’est un mot de Tristan Bernard.
C’est un cornet de cacahuètes,

C’est un jouet sur le trottoir,

C’est le cœur d’une midinette,

C’est le cri des journaux du soir.
Paris ! ça tremble et ça respire,

C’est tout en fleur et tout en or.

C’est bleu, c’est blanc, c’est vert, c’est pire !

Paris ! ah ! mon Dieu ! qu’est-ce encore ?
Paris ! c’est un bateau sans voile

Que la fantaisie aura pris.

Paris ! c’est peut-être une étoile ?

Paris, c’est…

Enfin, c’est Paris !

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Rosemonde Gérard Apprenti Poète

Par Rosemonde Gérard

Louise-Rose-Étiennette Gérard, dite Rosemonde Gérard, poétesse française, est née le 5 avril 1866 à Paris où elle est morte le 5 juillet 1953. Elle est la petite-fille du comte Étienne Maurice Gérard, héros de Wagram. Son parrain est le poète Leconte de Lisle et son tuteur Alexandre Dumas. Dodette était son surnom familier.

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