Sabine Sicaud
Douze ans… Une petite fille…
Un jardin… du soleil… des fleurs…
Et chaque instant léger qui brille
Semble rimer avec bonheur.
L’oiseau vient boire à la fontaine…
Le soir s’endort sur un glaïeul…
La poupée, oubliée à peine,
Reste encor là sur un fauteuil…
Et, pris par une âme charmante
Qui palpite avec l’univers,
Les fleurs, les animaux, les plantes
Viennent d’eux-mêmes dans les vers.
Treize ans… Sur la nature tendre,
Elle penche son coeur tremblant…
Mais pourquoi veut-elle comprendre
Tant de choses déjà ?… Treize ans…
Pourquoi cette angoisse si forte
Pour tout ce qui meurt dans les bois ?
Le fruit tombé… la feuille morte…
Est-ce un pressentiment ?… Pourquoi
Interroge-t-elle les choses
Avec des mots illimités ?
Croit-elle un instant que les roses
Lui répondront la vérité ?…
Quinze ans… l’âge de Juliette…
L’âge où l’amour est sans péché…
Pauvre petite âme inquiète,
Sens-tu comme une ombre approcher ?
Tu t’éloignes de la nature
Qui trembla si près de ton coeur…
Et pourtant ta courte aventure
Ressemble à celle de ses fleurs…
Ainsi qu’une fleur infinie
Sous un soleil trop épuisant,
Brûlée à ton propre génie,
Tu meurs !… et tu n’as que quinze ans !