Déjà la terre avait avorté la verdure

Théodore Agrippa d'Aubigné
par Théodore Agrippa d'Aubigné
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Sonnet LXXXV.

Desja la terre avait avorté la verdure
Par les sillons courbez, lors qu’un fascheux hyver
Dissipe les beautez, et à son arriver
S’accorde en s’opposant au vouloir de nature,

Car le froid enuieux que le bled vert endure,
Et le neige qui veut en son sein le couver,
S’oppose à son plaisir affin de le sauver,
Et pour en le sauvant luy donner nourriture.

Les espoirs de l’amour sont les bleds verdissantz,
Le desdain, les courroux sont frimatz blanchissantz :
Comme du temps fascheux s’esclost un plus beau jour,

Soubz l’ombre du refus la grâce se réserve,
La beauté du printemps soubz le froid se conserve,
L’ire des amoureux est reprise d’amour.

Théodore Agrippa d'Aubigné

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