En un petit esquif éperdu, malheureux
Sonnet II.
En un petit esquif éperdu, malheureux,
Exposé à l’horreur de la mer enragée,
Je disputais le sort de ma vie engagée
Avec les tourbillons des bises outrageux.
Tout accourt à ma mort : Orion pluvieux
Crève un déluge épais, et ma barque chargée
De flots avec ma vie était mi-submergée
N’ayant autre secours que mon cri vers les cieux.
Aussitôt mon vaisseau de peur et d’ondes vide
Reçut à mon secours le couple Tyndaride !
Secours en désespoir, opportun en détresse.
En la mer de mes pleurs porté d’un frêle corps,
Au vent de mes soupirs pressé de mille morts,
J’ai vu l’astre besson des yeux de ma maîtresse.