Le peintre qui voudrait animer un tableau
Sonnet XII.
Le peintre qui voudrait animer un tableau
Du printemps bien fleuri, où y feindre une glace
De cristal reluisant, ou l’azur et la face
Du ciel, alors qu’il est plus serein et plus beau
S’il voulait faire naître au bout de son pinceau
Le front de la Cripine, ou retirer sa grâce,
Ou l’astre qui des Cieux tient la première place,
Alors que son plein rond il refait de nouveau,
Qu’il imite, s’il peut, le front de ma déesse,
Mais qu’il se garde bien que son arc ne le blesse.
S’il fait Pycmalion, la mère de Cynire,
Qu’il voit prendre vie à ce qu’il aura peint,
Il sera, par les maux qu’il en aura, contraint
Le tableau parricide et le pinceau maudire.