Ballade de Banville, à son maître
Poëte farouche et divin
De qui je fus l’humble Pylade,
Viens goûter avec moi le vin
Et les perdrix en rémolade.
On traîne la Muse malade
Par son aile de papillon:
Père de la sainte Ballade,
Ressuscite, François Villon!
Pour le rimeur et l’écrivain,
De sa bouche en estafilade,
Ta Margot sourirait en vain
Ainsi que Cypris en Hellade.
Oh! ces marchands de marmelade!
Cela manque de vermillon
Parmi cette triste peuplade.
Ressuscite, François Villon!
Ouvrons au clairet angevin
Le corridor en enfilade,
Chassons le rêveur triste et vain
Dans quelque lointaine Cyclade,
Et mangeons chaude la grillade.
Ornons d’astres et de paillon
Nos pourpoints que le vent taillade.
Ressuscite, François Villon!
Envoi
Prince fier comme un Encelade,
Nous marchons sous ton pavillon.
Reviens nous donner l’accolade,
Ressuscite, François Villon!