Ballade des belles Châlonnaises

Théodore de Banville
par Théodore de Banville
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Pour boire, j’aime un compagnon,

J’aime une franche gaillardise,

J’aime un broc de vin bourguignon,

J’aime de l’or dans ma valise,

J’aime un verre fait à Venise,

J’aime parfois les violons;

Et surtout, pour faire à ma guise,

J’aime les filles de Châlons.
Ce n’est pas au bord du Lignon

Qu’elles vont laver leur chemise.

Elles ont un épais chignon

Que tour à tour frise et défrise

L’aile du vent et de la brise:

De la nuque jusqu’aux talons,

Tout le reste est neige et cerise,

J’aime les filles de Châlons.
Même en revenant d’Avignon

On admire leur vaillantise.

Le sein riche et le pied mignon,

L’oeil allumé de convoitise,

C’est dans le vin qu’on les baptise.

Vivent les cheveux drus et longs!

Pour avoir bonne marchandise,

J’aime les filles de Châlons!
Envoi.
Prince, un chevreau court au cytise!

Matin et soir, dans vos salons

Vous raillez ma fainéantise:

J’aime les filles de Châlons!
Janvier 1862.

Théodore de Banville

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